Allumez un cierge… Et laissez votre âme s’évanouir dans la cathédrale sonore érigée de mains de maître par les Fleet Foxes.
Sun it Rises s’ouvre sur un gospel a capella qui s’enchevêtre dans un tissu d’arpèges acoustiques du plus bel effet. Un banjo en toile de fond, un orgue velours et une marche militaire percent les cieux où planent des harmonies vocales rappelant à la fois les plus belles heures des Beach Boys et de Crosby, Stephen Stills, Nash & Young (notamment sur la sombre ballade acoustique “Maedowlarks”).
White Winter Hymnal ne déroge pas à la règle, un soupçon de The Shins flotte dans l’air, les voix sont merveilleuses comme sur toute la longueur de l’album. La plus belle réussite du disque. Robin Pecknold, chanteur et leader de cette formation issue de Seattle, maîtrise son art à la perfection, avec un timbre vocal digne des plus grands qui évoque aussi beaucoup celui de feu Tim Buckley.
Les Fleet foxes prêchent leur textes à travers un répertoire folk west coast qui nous fige en 1965/1970. Ragged Wood convoque les réminiscences de Neil Toung et The Band. Le groupe tisse des guitares au son cristallin et chaud sur l’intime et religieux Tiger Mountain Peasant Song. La voix plaintive et céleste de Robin Pecknold habite l’espace en toute simplicité. Sur Quiet House, le quintette accélère un brin son tempo, les harmonies sublimes des voix et des guitares évoquent à la fois Love et la pop ensoleillée des Beach Boys période “Pet sounds” de 1966. He Doesn’t Know Why creuse le même sillon californien où un piano bastringue fait son apparition.
Des tournures plus baroques prennent forme sur l’instrumental Heard Them Stirring, interlude à la fois western et médiévale dans l’ambiance qui s’en dégage. Une flûte traversière s’immisce sur Your Protector au refrain grandiose. La chanson vogue sur un beat latino-américain rythmé façon “Cecilia” de Simon & Garfunkel.
Autre refrain grandiose ? Laissez vous transporter par l’intemporel Blue Ridge Mountains“…
L’acoustique Oliver James ferme sobrement la marche amorcée par la procession lumineuse et tamisée conduite par ces cinq incroyables musiciens touchés par la grâce. A l’instar du préambule de ce disque, la voix dénudée de Pecknold clôt a capella ce dernier dans un dernier souffle…
Ce premier grand disque des Fleet Foxes impressionne par la qualité des compositions, des harmonies chantées, des arrangements simples et somptueux à la fois. L’un des chefs d’œuvre des années 2000. Il ravira assurément tous les amateurs de folk avec un zeste de soul et de blues.