Hooka Hey, c’est français. Et ricain. Enfin d’origine française et c’est tant mieux. Après un exil à Austin, ils nous reviennent plus péchus que jamais et prêts à en découdre. Je les avais vus en concert à l’International, ils étaient déjà prêts. Cet EP confirme et emmène ailleurs, plus loin.
Boum. Bang. Bing. Hooka Hey boxe d’emblée avec cette batterie lourde et cinglante. Quelques notes inquiétantes avant l’explosion. Souffle dans la voix, qui semble réfléchir à un plan d’attaque. Une certaine urgence. Un refrain efficace mais pas simpliste. Un solo bien rock qui se finit en gamme atypique, comme un supplément d’âme harmonique. L’EP est lancé !
“Untamed” et un air rockabilly 60s, le Fender reverbé comme à l’époque et le grain subtil des lampes qui chauffent. Un bouge enfumé dans lequel se reflètent les ombres des monstres. Les Arctic Monkeys ne sont pas loin, accords planants égrainés note à note, un riff mélodique, et une référence textuelle explicite “When the sun goes down”. Une atmosphère lourde et lumineuse. Quelque chose de QOTSA sur le début du solo harmonisé et aux rouages métalliques. Hugo se ballade à la voix, le groove est parfait. Wow.
“Wrong Moves” envoie un riff guitare/basse qui fleure bon le vieux Led Zep. Rock’n’roll! Les riffs harmonisés apportent une touche orientale, quand la batterie suit sagement sa ligne intense… Jusqu’au pont de 2’50 qui plane, délaye, temporise. Pour mieux exploser derrière avec ce refrain aux allures de cri de guerre. Nous sommes toujours là.
La fièvre s’annonce. “Fever” enfonce le clou du son harmonisé, du mur d’ampli qui remplit derrière, des cocottes funk à l’aigu. Quand les Guns’n’Roses (le parlé apparent du couplet soutenu par une guitare qui brode dans le fond) rencontrent les Black Keys (l’énergie du refrain), le mix est forcément intéressant. Le pont des 3’22 reprend l’influence orientale ici dosée en chant féminin planant.
“Headin’ for the Texas Border” (cover des Flamin’ Groovies) referme l’EP avec une fougue de western métallique. Sortez les santiags. Le chant m’évoque Eddie Vedder, une belle puissance tenue et qui remplit bien l’espace, même si mixé en dessous sur ce titre. Des riffs et accords typiquement bluesy, comme quoi la simplicité d’harmonie peut conduire à un bon titre péchu qui fait remuer. Pas ma préférée, cela dit. Un peu “classique” malgré l’énergie.
Un très bon EP après un premier que j’avais déjà écouté en boucle, notamment “Hush me” et sa lourdeur sombre. La bande d’Hugo (toujours excellent au chant soit dit en passant) dévoile de nouvelles facettes et influences, plus variées. Peut-être manque-t-il une ballade folk – que réussit souvent très bien le groupe, type “Little Things” – pour compléter ces 5 titres électrifiés. Un gros boulot d’enregistrement et d’univers sonore. Tout se tient, et c’est tant mieux.
Ne pas passer à côté de “Untamed” et “Wrong Moves”.
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