En 2007, le NME conseillait de suivre Wild Beasts, comme un groupe promis aux sommets. 9 ans et 5 albums plus tard, le groupe des 4 anglais est bien là. Après l’expérimentation sonore de Present Tense, Wild Beasts renoue avec des mélodies et une pop accessible à l’oreille. Cette accessibilité cache un énorme travail de composition et de son, comme quoi ce qui se conçoit bien se travaille clairement. Play.
“Big Cat”. Beat langoureux, justesse approximative. Basses profondes, groove nonchalant et choeurs de synthétiseur. Wild Beast revisite l’été flânant en bord de piscine à débordement. Point final.
“Tough Guy”. Le rythme saccade et hache, gaiement. La reverb élargit la voix, les cocottes funkisent. Le refrain est une lutte mécanique. Le pont de 2’15 est une rampe de lancement vers un final soliste androïde.
“Alpha Female” est un titre plutôt sombre. Les arrangements sont flous et profonds. Le beat est automatique, sans variation inattendue. Les voix sont mi-parlées, soufflées et robotiques. Hypnotique.
Funk. “Get my Bang”. Le pied tape. Le doigt jongle en petit marteau sur le coin d’une table. Un relent 70s, piste de danse en pattes d’eph. Une coiffure afro, une chaîne. Un boat. L’or qui brille.
“Celestial Creatures”. Les contrées de l’Est. Une borne d’arcade. Wipe Out et ses missiles en ligne droite. Une galaxie s’ouvre en clôture.
“2BU”. Une voix afro soufflée de tuba. Façon Antony and the Johnsons. Le reste est céleste. Lumineux.
“He the Colossus”. Il y a du Queen et du Mika dans le chant. Le rythme est tribal. L’invasion est d’abord sonore. De la compression. La machine du colosse en marche.
“Ponytail”. La voix déforme, les notes bendent. Une joyeuse fausseté. “Eat your Heart out Adonis” est faite du même bois. De celui qu’on oublie aussitôt et qui n’accroche pas. 2 titres oubliables. C’est fait.
“Dreamliner”. Du Cure introductif en clair-obscur. Des accords suspendus mystérieux. Une voix suave s’acharne. Le café Maxwell. L’introspection personnelle dans un tourbillon. La machine à café percute.
“Boy King Trash (bonus)”. Une envolée planante. Un son de répète cheap. Respiration du guerrier. Le colosse n’est pas encore à genou. Un air folk sur une moquette épaisse. Un essai électro entêtant.. Wild Beast refait le match sans compromis. Un off record intelligent qui nous montre la face immergée de l’iceberg (dispo sur la version Deluxe). Le même, en trash. En 20’52. Vraiment?
Etrangement, c’est surtout le dernier titre de la version Deluxe (Boy King Trash) qui ouvre la voie vers un peu d’expérimentation salvatrice. La pop revigorante cache une magie bien plus profonde qui opère en coulisses. 59’59. Cela reste moins d’une heure. Un colosse est né et il faudra compter avec eux. Le NME le savait. Je le pense désormais.