2008. Viva la Vida de Coldplay se hisse en tête des charts. Black Ice fait renaître AC/DC de ses cendres. Metallica sort Death Magnetic. Les Rascals sortent leur premier album. Les Rascals ? Miles Kane, cela vous parle peut-être plus désormais. Le leader des Rascals s’allie ici avec Alex Turner pour un side project de haute volée. Ecoute.
Bruissement de feuilles. Fuite en avant. Cavalcade. Attaque de diligence. Les Last Shadow Puppets ouvrent ce premier album au Far West, terres des Daltons. La potence semble prête, le vautour tournoie d’impatience. Il n’y a pas d’arrêt prévu pour ces sabots remuant la poussière. Un excellent travail de cordes et de chœurs qui renforcent les différents éléments mélodiques.
“Standing Next to Me”. Une ballade speed. Le décor défile par la fenêtre du train, la mélancolie gagne. Elle est déjà loin. Des accords mineurs. Des répétitions de texte. Pour ceux qui n’auraient pas compris. Nous sommes en boucle vaine. Là encore les cordes édulcorent et poétisent. Fin abrupte. Elle faut bien s’y résoudre.
“Calm Like You”. Attention pépite. Une chanson aussi belle en acoustique dénuée d’artifices de studio. Le trémolo est rigolo, la batterie fait des claquettes. La guitare enroule ce joyeux monde. La voix s’articule et raconte. Entrée des cuivres.
“Separate and Ever Deadly”. Rythme hypnotisant de saccades. Sursauts brutaux. Rien n’est stable ou prévisible. La guitare se noie dans la réverb qui délaie. Un jeu de questions/réponses orales. Puis un fouillis sympathique de guitares.
“The Chamber”. Un jeu d’accords égrainés façon Arctic Monkeys. Un voile enveloppant palpable. La batterie foisonne de pleins et de déliés. Le clavier pondère. Puis le vent glacial des 2′. Le lâcher prise. Rêveries lointaines. L’esprit se sépare du corps.
“Only the Truth”. Interpellation. Exclamation. Les voix s’unissent en force. La guitare frime. Les cordes rappliquent, dignes d’un film à suspens. Une dernière allumette. Poursuite de diligence. Au pays du far-west. Puis un pont suspendu. L’appel cuivré de la canicule. Vite, un Perrier.
“My Mistakes Were Made for You”. Ribambelle acoustique. Notes éparses en gouttelettes d’eau. Voix de velours. Progression d’un chat malhabile. Pete Doherty et sa dernière rose anglaise. Mélancolie. Sur la corde. Melody Nelson. Un faux air cinématographique. Un titre candidat à une BO sentimentale. Course effrénée vers le bonheur.
“Black Plant”. Une construction classique. Une rengaine fuyante. Un titre moins animé. Il me manque une surprise. Ah pardon. Le solo suffit. La chanson prend des tournures jazzy.
“I don’t Like you Anymore”. Delay haut perché. Leslie. La chambre, pas le prénom. Une entrée en matière feutrée pour un couplet quasi punk. L’énergie dévaste et la fuzz ruisselle. L’arpège tournant de quelques notes entête. Une certaine instabilité. Le résumé de l’histoire des sentiments. Grand huit.
“In my Room”. Nous chevauchons Jolly Jumper. Jeu de cordes à l’octave. Grandiloquentes. Soupir obscur. Le désert sournois nous présente ses fantômes inquiétants. Combats de fûts. Point d’orgue scintillant.
” The Meeting Place”. Une ouverture comme un générique. Qui déroule lentement les noms des techniciens. Et c’est surtout une ballade bien foutue, appuyée d’accords rythmiques, de cordes enveloppantes, de questions-réponses à la voix. Et la voix cuivrée qui interpelle. Une batterie au trot. Puis un espace temps instrumental de 40 secondes. La magie féerique des contes de Disney.
“Time Has Come Again”. Une clôture légère. Siroter un cocktail doux avec une paille. Repos du guerrier. Éclairage à la cire. Un titre qui pourrait figurer sur la BO de Submarine. L’espoir.
Une première pépite issue d’une collaboration de potes. Naturelle. Jouissive. Quand la crème de la crème rencontre la crème de la crème. A écouter, à acheter, à conserver. Et à ressortir, telle une bonne bouteille, dans quelques années.