Groupe stupéfiant sur scène, le trio composant “Arrogant Criminals” ne fait pas dans la dentelle pour ce qui est dévoyer un rock percutant. Formé en 2010, le groupe a aiguisé ses couteaux en bouffant de la scène avec notamment une tournée au Japon où ils ont enchaîné club sur club. Ces mecs ont appris le métier, à l’ancienne, en jouant partout où ils pouvaient avec notamment une résidence récurrente au Guiness Tavern de Paris où infatigables, le power trio peut jouer toute une nuit sans lever le pied… Une endurance impressionnante…
Leurs influences ? Wire, Gang of Four, Radio 4, The Rapture,… tout ce qui s’apparente à une sorte de dance garage punk. Avec du The Vines et du Sex Pistols dans l’agressivité. Et une dose subtile de pop dans les mélodies/refrains. Le bassiste/chanteur et le batteur abattent un travail monstrueux, les riffs de guitare giclent sur les murs, la batterie cogne furieusement, les Arrogant Criminals boxent sans crier gare… Chaque décibel dégainé est un missile qui frappe au bon endroit au bon moment. L’écoute de “My target” ne démentira pas. Riff de basse rockabilly, bombardement de toms/caisse claire, le venin se répand dans les enceintes, abrasif à souhait. La voix rageuse écorchée du chanteur n’est pas là pour coller des gommettes…
Dans ce chaudron rock le trio qui joue à la perfection assène des refrains à la mélodie imparable. Tel cet extraordinaire “Jean Jelly” taillé pour le live, capable de soulever une fosse entière dans les airs. Furieusement barrés, ces frenchies injectent un peu de pop rock dans ce “Jean jelly” dont la montée finale est une apothéose portée par une rythmique basse/batterie/choeurs complètement folle…
Suit “Five years of drama”, intro pop sculptée dans un écrin d’arpèges, harmonies vocales spatiales, l’entrée en matière laisse miroiter un assagissement… Un délicieux mirage. La chanson enchaîne immédiatement sur un disco rock qui rappelle le meilleur de Radio 4 et des Raptures. Une tuerie à base de gimmicks funky et d’une ligne de basse qui donne juste envie de faire du “booty shake”. Jusque là le power trio réussit le disque parfait. Alors survient cette question qui agace et frustre : pourquoi de tels bijoux power garage pop ne passent pas en radio ??
“Empty streets of Japan” convoque les Clash période “London Calling”. Un chant qui évoque un Miles Kane énervé dans le chant. Le titre s’embourbe un peu malgré une rythmique toujours aussi efficace mais il manque ce petit quelque chose capable de faire décoller la chanson vers une autre dimension… “We’re already gone” s’invite en territoire australien chez The Vines. Gros mur du son, riff bluesy cradingue lancinant à la Eagles of Death Metal dans le chargeur, le groupe s’essaie à un registre différent des précédentes chansons. De la bonne came.
Avec ce premier EP paru en 2013, les “Criminals” accouchent d’un disque solide, maîtrisé de bout en bout, teinté de folie et d’exubérance. Un groupe incandescent qui joue sa musique comme si sa vie en dépendait. Une totale urgence. Un shot de speed qui fait du bien. Et RocknRank aime ça.
5 titres, 2 bombes indispensables à emporter avec soi : “Jean Jelly” et “Five years of drama”.