Un nom de groupe en « Shoes », je me devais d’en parler. D’autant plus que c’est un duo, dont le son gros et fourni fait oublier qu’ils sont deux. Originaire de Brighton, comme Royal Blood, ils ont sorti leur 4ème album entièrement autoproduit et enregistré à Berlin en 2014. Eh bien, parlons-en !
Un bourdon de basse, en guise d’introduction instrumentale. Fort. Décor planté, ça va vite, c’est lourd et implacable.
« Everything all at once » lance la grosse machine. Une voix qui semble enregistrée dans une salle de bain (rappelons que l’album est autoproduit), tant la reverb remplit et résonne. Un refrain efficace, à la manière d’un Band of Skulls. Cela commence plutôt bien.
« An animal » devient mécanique. Un rodéo du siècle nouveau, tournoyant sans cesse. Une basse ronflante apporte des harmonies délicates sur le refrain, pourtant très efficace. Royal Blood n’est pas loin (Brighton quand tu nous tiens), dans le son. Le rythme très Black Keys danse et se répète. Ils martèlent. Un petit quelque chose d’Arctic Monkeys époque Humbug. Bon point.
Redescendons avec une ballade, « Far Away », dont le refrain prend – étrangement – des airs de musique de stade. Parfait pour le live, à la fois entêtant – une pause s’impose -, à la fois simple à reprendre par une fosse en transe.
Si l’introduction de « The Perfect Mess » n’est pas quelque part inspirée du son du duo de l’Ohio, je mange mon chapeau (que je n’ai pas). Anyway, ce riff suraigu de fuzz baveuse, appuyé d’une basse-nappe qu’il double harmoniquement à l’octave est un exercice de style. Un très bon titre, qui évolue, s’acharne. Le voisin sympa de fosse nous ramassera.
Puis, une chanson à kick (« Behind The Wall »). La batterie simpliste balance tout. Un peu répétitive à ce moment de l’album. On aimerait ouvrir de nouvelles portes, jusque-là inexplorées. Passons.
Soudain cette fois veloutée qui sort du spectre. Comme implorant. Tandis que l’accompagnement se fait bien secondaire, boucle magique d’arpèges rayonnants. Un rêve éveillé où la fée clochette nous raconte une histoire à l’oreille. C’était donc « Stranger ».
« Speech Coma » m’intéresse pour son pont-solo des 1’27. « Don’t Get Caught » ne m’a pas attrapé.
Mais « Cigarettes in the Dark » se rattrape. Une bulle électro qui ne tourne pas en rond. Des modulations intelligentes et inattendues, le jeu des contretemps. Fun.
Nous finissons avec « Tighwire » et sa rythmique hachée menu. Une envolée à la The National, fouillée et subtile. Décidément, Blood Red Shoes sait tout faire, à sa sauce. Un final grandiose, avec ce sentiment d’être rassasié et en même temps perplexe… dans l’attente du prochain.
12 titres, c’est bien. J’en aurais enlevé deux qui n’apportent pas une évolution particulière et notable dans l’album. Pour autant, Blood Red Shoes a su montrer une palette à la fois cohérente, à la fois large et dense de son « son ». A deux, ceci est déjà rare. Et cela nous donne – au moins – envie de nous pencher sur la discographie du groupe. Et de les suivre.
A suivre. De près.