Une des bonnes surprises de 2015. Un disque Quebecois psychédélique qui brasse des influences aussi variées que celles de Tame Impala, Pond, MGMT, Death in Vegas, Ultra Orange, Sébastien Tellier…A la tête de cette formation, se trouve Jimmy Hunt, une figure du rock montréalais qui a notamment chanté en duo avec Cœur de Pirate.
Un chant mixé très en dessous des instruments, si bien que l’on distingue difficilement les textes en français et anglais. Mais peu importe, le chant est ici utilisé comme un effet parmi d’autres, un arrangement planant. Tout est noyé dans la réverbe et l’écho afin d’ériger cette voix d’outre-tombe qui flotte dans l’espace. On sent que le groupe a passé des heures à écouter et disséquer religieusement des œuvres de garage et rock psychédélique telles que celles conçues par des groupes comme Tangerine Dream, Tame Impala,…
Rien de novateur ici. Que les snobinards passent leur chemin. L’auditeur se retrouve dans un habitacle psychédélique vintage. Un chant habité et égaré dans un magma ésotérique à la manière de Sébastien Tellier. Des guitares crunch et saturées façon Ultra Orange (“Burn out”), des lignes de basse monolithique, des claviers qui tressent des ambiances rétro-futuristes, le tout dans une atmosphère totalement et parfaitement foutraque…Des images de film de série Z nous viennent en tête…
“Méfiez vous du Boogalo” résonne tel un western criblé de guitares où la fuzz ne se débine pas… Une incantation chamanique dans les paroles (“Au pied de la montagne sacrée“) reprise en main dans la foulée par la chanson éponyme “Tss Tss” : une basse tissant son leitmotiv rondelet, des claviers denses et célestes, des guitares aux accords suspendus et aériens. L’âme flotte paisiblement… T.R.I.P
Chocolat nous fait voyager dans un barnum cosmic vintage (“Fantôme”, “Mèche” et le très Death in Vegas “Apocalypse”). La production est volontairement datée, vieillie, jaunie, écornée. Back to 1967. A la Tame Impala ou Temples. L’enregistrement live de l’album y est également pour beaucoup dans ce son aussi bancal que brut de décoffrage. Des chansons que l’on écouterait volontiers au volant d’une décapotable dans un tunnel sans issue, où l’asphalte serait émaillé de lumières écarlates… Avec “Gobekli Tepe”, le groupe clôt le disque de la plus belle des manières sur un mood surf music (les guitares scintillantes) passé au shaker garage rock psychédélique (la charge floydienne menée par l’infanterie basse/batterie).
La scène néo psyché a le vent en poupe depuis 3 ans de part et d’autre de l’Atlantique. Le Canada rejoint ce mouvement underground où des activites sévissent dans l’ombre du mainstream. Ces soldats passionnés par leur art se nomment Jacco Gardner, Ty Segall, Tame Impala, Melody Echo Chamber, Dorian Pimpernel, Pond,… Nous les bénissons.