Qui est Gaz Coombes ? L’ex-conducatore de Supergrass, l’un des fleurons de la Britpop des 90’s, groupe complètement sous-estimé alors qu’ils ont enfanté des chansons et des albums remarquables. Supergrass s’est dissous depuis et Gaz Coombes a livré un premier album solo en 2012 (“Here comes the bombs”) et sa suite lui est donnée cette année avec “Matador”.
Compositeur et chanteur/mélodiste talentueux, le natif d’Oxford nous livre un bel écrin indie pop du haut de ses 39 ans. Un album planant et teinté de tristesse reliant indie pop et sons synthétiques, électroniques. Avec une appétence pour une certaine grandiloquence mais qui fonctionne à merveille sur des calibres comme “Buffalo”, “Detroit” et “20/20”.
L’influence flagrante de Radiohead (période “Kid A” à “In Rainbows”) habite et colore la pop synthétique de l’album. Un disque lyrique qui s’offre parfois quelques échappées gospel pesantes et indigestes (“Needle’s Eye”) ou très réussies (“To the wire”, “20/20”). Un album à l’ambiance feutrée, futuriste, épique à l’instar de la saisissante ballade “Seven Walls”.
Un album doté d’une production léchée, futuriste et atmosphérique. Les guitares sont cristallines, pures, plastiques, discrètes… Les batteries et autres boîtes à rythme syncopées et tribales servent le propos avec légéreté. Les claviers et les nombreuses boucles instrumentales employées à l’image de Radiohead sur ses propres disques confèrent à cet opus cette ambiance à la fois intime et stratosphérique. Il suffit de se lancer dans l’écoute de “Oscillate”, “Buffalo” et “To the Wire” pour s’en convaincre.
Gaz Coombes chante avec un timbre inspiré, beau (les perles néo-folk “Matador” et “The Girl who fell to Earth”), non sans quelques accents “Jaggériens” et “Radioheadesques” du plus bel effet. Le britannique sait emmener ses compositions dans des chemins de traverses parfois alambiqués à l’image de “20/20”, le petit chef d’oeuvre pop progressif planant de “Matador” que nous vous proposons ci-dessous dans une version live abolsument stupéfiante !! Un recueil de chansons qui a été façonné comme un patchwork de sons allant puiser dans le courant Krautrok de Can et Neu!, de voyages intemporels, d’esquisses sonores couchées sur un gant de velours…
Une oeuvre cohérente de bout en bout même si certains titres sont dispensables (le pompeux “Needle’s eye”, l’inutile intermède instrumental “Is it on?”) ou éreintants (“The English Ruse”, serait-ce un clin d’oeil à Paul Weller et son “English Rose” ?).
Gaz Coombes réussit avec ce deuxième effort solo une sorte de synthèse entre les disques solos désincarnés et minimalistes de Thom Yorke, la pop futuriste et avant-gardiste de David Bowie (période fin 70’s dite Berlinoise) et le lyrisme d’Arcade Fire. Avec en prime la pochette en clin d’oeil à David Bowie et son album “Heroes”.
2014/2015 a vu les ex-tauliers de la Britpop se fendre d’album solos réussis (Damon Albarn, Noel Gallagher) et Gaz Coombes leur emboîte le pas en étant celui qui aura le mieux réussi dans cet exercice. Chapeau.