Quilt n’en est pas à son coup d’essai. Après deux albums salués par les critiques de la scène alternative, les compères de Boston nous reviennent en lumière féérique. Enveloppant et apaisant, cet album fait la part belle aux références 60s, modernisés et sublimés à leur façon. Écoute.
“Passersby” s’impose tout de suite en bulle réconfortante. La batterie militaire caresse, les claviers enveloppent, les voix jaillissent avec tendresse. Moment instrumental lumineux. La voix lactée. Quelques éléments orientaux. Une vibration de cordes scintillantes. Quelques flûtes enchanteresses. La beauté d’un son maîtrisé.
“Roller” apporte plus de rythme. Les claviers se transforment en orgues 70s gentils. La voix est plus chantée et radiophonique. Moins dans l’incantation. Un titre efficace qui donne envie d’ouvrir la fenêtre de sa Mini Cooper au feu rouge printanier. Une bonne pioche qui – quoique accessible et bon esprit – reste fouillée et bien pensée. Le titre cool de l’été?
“Searching for” se montre plus vivace. Un jeu de guitare à la Thurston Moore. Plus motorisé aussi. L’arrangement vocal est très Beatles. Chuchoté dans un combiné de téléphone. L’assise rythmique est très classique, en bon accompagnement péchu qui met de bonne humeur.
“O’Connor’s Barn” ne nous transporte pas, un ventre mou. L’impression de déjà-entendu, ce qui doit être le cas. On zappe.
“Eliot. St”, au-delà du nom, m’évoque Eliott Smith dans le traitement de la voix mixée en avant et feutrée. Nous sommes au coin du feu et l’histoire est racontée. Quelques accords ricochent au loin, mixés à gauche toute. La basse nous joue des tours entre chaque accords. Un groove d’hiver taciturne.
“Hissing my Plea” convoque de nouveau les Beatles et leur Taxman. Les cordes évoquent des contrées plus lointaines. Comme un voyage initiatique. Des descentes de cordes graves semblent sorties de Melody Nelson. Une belle surprise qui fait hocher la tête et demande une attention sans faille pour ne rien manquer de ce marathon musical.
“Something There” ressemble à la ballade romantique au bord de l’eau. Une composition très 60s, une dose positive de luminothérapie. On pense aux Kinks, aux Beach Boys. Le soleil se lève et nous allons attaquer la vague ou barboter nonchalamment.
Puis s’ouvre un titre tribal, dans le sens d’une tribu. Celle de Yellow Ostrich, de Sujfan Stevens. Amis des percussions soft et des cordes pincées qui font voyager. “Padova” s’écoute en train, au rythme d’une locomotive fumante qui arpente.
“Your Island” est un exemple de reverb lumineuse et aquatique. L’Islande, les glaciers. Une voix qui réchauffe de ses graves. Une flûte nous accompagne dans l’expédition en forêt. Rosée du matin. Goutte à goutte. Fermons les yeux.
“Own Ways” remet les pendules Rock à l’heure. Tremolo, cow-boy, Simon & Garfunkel. En habit de Chuck Norris, nous suivons un justicier en chemise à carreaux. Des influences folk, country. L’aridité des cactus. Le solo glisse. Pour entêter, énerver, abasourdir. Déluge de cordes, horizons psychédéliques.
Une créativité lumineuse pour un album fouillé mais accessible. Fleurant bon les ondes positives. Musical. Technique. Abouti.