Slaves est un duo britannique. Laurie Vincent et Isaac Holman, vingt balais. Tatouages et cheveux ras. Un brin déjantés. Mais voilà, ce duo punk intrigue. Un premier album coup de poing, précis et varié. Un sens inné du riff bluesy infusé dans de l’huile de coude. Slaves est un duo britannique. Slaves est le duo qu’on attendait.
Un riff bien méchant. Grinçant. Une disto venue du centre magmatique de la Terre. Une voix juvénile façon Turner pré-crooner. “The Hunter” tape fort. Les mots ricochent. L’ouverture a l’effet cérébral du premier EP des Arctic Monkeys. Tout simplement.
Franche rigolade entre punks dépravés, basse à la Royal Blood, c’est à dire guitare-basse harmonisée, chant criard pour plus de joyeuseté et un accent à couteau tiré. “Cheer up London”. Mind the Gap. Mate, give me a pint.
“Sockets” semble lent et langoureux. Mais non. Un NOFX de notre adolescence (et en mieux), tous powerchords dehors. Un Clash groupé, un Sex Pistols simulé. Pour les surfers en attaquant la vague ou en bande-son d’une vidéo de freeride.
“Despair and Traffic” balance la sauce. Peut-etre un peu trop, il nous manque un peu de nuances, et moins de pied posé sur le retour, façon guitar hero qui prend la pose en palm mutant.
En revanche, “Do Something” propose un mix sale qui frise. Energisant et plus vrai, on se voit en studio de répét, sur le sofa crasseux, écoutant du Slaves live.
Etrangement, la chanson éponyme est un titre très posé, coin du feu fin de soirée. Chaque accord représente une dépense supplémentaire d’une énergie qui commence à manquer. La voix se fait amygdale. Mais on aime, là encore, l’atmosphère d’une prise live.
” Wow!!! 7am”. Titre numéro 7. Façon Raconteurs. On remplit l’espace. C’est dense. La voix se détache joliment, un cri plaintif à la Pete Doherty. Et un solo pour finir embrouillé.
“Hey” devient psyché ou psycho. Course poursuite du Batman contre le Joker dans une automobile futuriste survitaminée. J’ai peur.
“Live like an animal” ou un faux air d’Enter Sandman et son palm mute percussif. L’apogée des 2’10 défrise. Un radeau de la méduse avec peu de survivants.
“Ninety Nine” réanime les 90s et ses jeux vidéos de superhéros. Ou un dancefloor électro grunge. Larsen et bruit deviennent poétiques.
“She wants me Now” m’évoque No Limit de 2Unlimited et c’est bien ça mon problème. Le punk n’est pas forcément chose facile.
“Feed the Mantaray” devient agaçant. Les recettes sont répétées. Une ouverture aurait été magique.
“Sugar Coated Bitter Truth” survole. Un délai métronomique The Edge, un phrasé Pink Floyd, un chant empreint de Ragga. Quelques ponctuations qui dénoncent. Un étonnant mélange qui finit par nous emmener loin. Wow.
Un album Coup de Coeur qui ponctue notre année au bon moment. Après plusieurs semaines de lassitude musicale, Slaves balance un pied dans la fourmilière Rock. Sex Pistols, Clash, Arctic Monkeys, Pete Doherty, the Raconteurs, Royal Blood, Pink Floyd… de multiples influences digérées, recomposées et servies sur une galette impeccable. Un appétit pour le son méchant aux confins du métal. Que dire de plus? Vivement la suite.